Encore un exemple d’auto-régulation défaillant

Non je ne suis pas en vacances, ni je ne suis accablé par je ne sais quel dossier censé révolutionner le genre humain dont j’aurais très légitimememnt reçu la charge de conduire la destinée. J’ai simplement depuis quelques jours cessé de veiller à la blogosphère comme d’un domaine indispensable à la survie de l’homme moderne. S’agit-il d’une remise en cause passagère ou plus sérieusement des prémisses d’un rejet endémique de la blogosphère, je ne peux encore le dire. Suivant régulièrement environ 150 flux RSS, majoritairement de personnes versées dans le journalisme (professionnel ou artisanal), la création d’entreprises, les nouvelles technologies et enfin la politique, j’avoue après deux ans d’intérêts pour la chose « blog », dont une année entière de suivi assidu, être profondément agacé par deux points qui caractérisent fortement l’ensemble de ces blogs.

Tout d’abord, j’accepte de moins en moins l’amalgame dans lequel se complaisent beaucoup d’auteurs de blogs des catégories susmentionnées qui, chaque jour, s’emploient à confondre volontairement blog personnel et blog professionnel. Y compris pour les fondateurs d’une activité quelconque, la personne morale devrait toujours être clairement distincte de la personne physique or j’ai aujourd’hui le sentiment que de trop nombreuses personnes se ruent sur les blogs pour précisément faire voler en éclat cette différence distinction. A terme cette pratique sera extrêmement néfaste pour leurs auteurs et le label qu’ils sont cencés représenter. Abuser de ces prises de positions personnelles souvent intempestives sur tout et n’importe quoi au beau milieu des sujets de son domaine d’expertise finit tôt ou tard par jeter le discrédit. Que ceux qui croient que les blogs répondent à des règles d’un autre univers se trompent lamentablement. On aurait pas idée d’inviter à déjeuner régulièrement un groupe de clients pour lui tenir à table des propos sur sa vie sexuelle chaotique et ses idées politiques douteuses au bout milieu d’une instructive analyse du marché, alors pourquoi croire qu’il suffit d’avoir un blog pour qu’une telle hérésie soit de mise?

L’autre raison du malaise qui me gagne à propos des blogs est plus fondamentale. Quel est le véritable moteur qui entraîne quasiment tous les bloggueurs vers le ridicule de cette volonté frénétique de publication quotidienne? Les bloggueurs ont-ils tous les jours quelque chose à dire ? Evidemment non ! Cependant presque tous les bloggueurs dit « sérieux » se doivent de tenir un rythme de croisière régulier de posts qui inéluctablement finissent pour la plupart d’entre eux par ne plus rien contenir ou si peu. Ainsi assiste-t-on quotidiennement au phénomène du « scoop » ou du « thème » relayé à l’infini en guise de plat de spaghetti auto-réchauffé de liens Internet qui se mordent la queue. Bouffer de ça tous les jours est abrutissant et déconcertant. Et c’est tout là le dilemme. Il se passe pourtant bien ici quelque chose d’extraordinaire quand il arrive occasionnellement de tomber directement et sans filtre sur certains notes ou documents multimédia sincèrement originaux, cependant, notre VANITE, au cœur de cette activité, entretient un déluge permanent de posts incencés sur tout et n’importe quoi submergeant sans vergogne les pépites d’informations ou de réflexions disséminées ici ou là.

Devoir chercher en permanence l’aiguille dans la botte de foin qui ne cesse d’enfler par simple VANITE est, à propos de progrès, très discutable ...

Comments

[Jean-Claude MORAND - Cyberstrat]

J'aime bien ce post !

[Ray CHOW]

heureux de partager avec toi cher Jean-Claude quelques préoccupations communes ...

[mirou]

J'ai moi aussi douté, et je doute encore, de l'utilité de tenir un blog. Ce dont je suis de plus en plus convaincu, c'est que le blog est un besoin.

Pas un besoin pour la société: honnêtement, cette déferlante d'info tue l'info, et comme vous dites, on se mort souvent la queue à lire et relire X fois les même infos.

Il s'agit d'un besoin humain d'expression. Le blog me semble être un bon outil pour se lâcher. Avant les blogs, il y avait relativement peu de canaux d'expressions publiques, et tous étaient régulés d'une manière ou d'une autre (contrôle éditorial du journal, de la télé, modération des forums, des courriers de lecteurs, choix des intervenants téléphoniques à la radio, etc.). Or le blog est à la foi public et privé. On peut s'y lâcher. On est ici chez soi. On peut tout dire, tout faire. Et de manière - croit-on - publique. Or la parole d'un blogger, ne finalement que celle d'un blogger parmi d'autres.

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